Extrait du chapitre II "A la manière des oiseaux: le cerveau aviaire revisité" :
" Mais la mésange n'est pas seulement un oiseau agile et plein d'entrain. Elle est également vive intellectuellement, curieuse, opportuniste et dotée d'une mémoire remarquable (...).Sur l'échelle de QI de Louis Lefebvre, les mésanges, toutes espèces confondues, font jeu égal avec les pics.
Dernièrement, les légers sifflements et les gazouillis des mésanges ont été identifiés par des scientifiques comme l'un des systèmes de communication les plus sophistiqués et les plus rigoureux parmi les espèces animales terrestres. (...) leur chant est un langage complet, doté d'une syntaxe permettant de générer un nombre illimité de séquences uniques. Certaines servent à énoncer la position de l'oiseau; d'autres, à informer sur une source de nourriture savoureuse ; d'autres encore préviennent de la présence d'un prédateur en spécifiant la nature de l'animal et l'ampleur de la menace. Un sifflement doux en haute fréquence ou un trille aigu signalent un danger dans les airs, comme une pie-grièche ou un épervier, tandis qu'une séquence plus saccadée indique un prédateur immobile, rel un rapace perché à la cime d'un arbre, ou avertit que la silhouette d'un petit-duc se profile.
Le nombre de notes dans la séquence précise la taille du prédateur et donc le degré du péril; plus elles sont nombreuses, plus le prédateur est petit, c'est-à-dire dangereux. Cela peut sembler contre-intuitif, mais les petits prédateurs sont agiles et peuvent manoeuvrer plus facilement que les gros, plus lourds et plus lents. (...)
Ces séquences sont des appels à renfort permettant de mobiliser d'autres oiseaux pour harceler ou assaillir la menace; elles sont donc calibrées selon l'ampleur de celle-ci. Les vocalisations des mésanges sont si fiables que d'autres espèces tiennent compte de leurs avertissements.
(...) elles excellent à découvrir et à exploiter de nouvelles sources de nourriture. (...) Lorsque les mouches des galles ont été introduites dans l'Ouest américain dans les années 70 pour aider à contrôler la propagation de la centaurée tachetée, les mésanges ont saisi cette nouvelle opportunité. Chris Templeton a découvert que les oiseaux ont rapidement appris à repérer les fleurs abritant le plus grand nombre de larves de mouches des galles, un aliment exceptionnellement riche. (...)
Templeton était ébahi: "il est remarquable que les mésanges puissent prendre des décisions si pertinentes après avoir si succinctement évalué les fleurs". Tout aussi impressionnante est la rapidité avec laquelle ces oiseaux ont appris à exploiter une source de nourriture complètement nouvelle, un insecte exotique vivant sur une plante introduite, donc présente dans leur habitat depuis peu de temps.
Les mésanges possèdent également une mémoire prodigieuse. Elles cachent des graines et d'autres aliments dans des milliers d'endroits pour les consommer plus tard et peuvent se rappeler où elles ont dissimulé un seul aliment pendant plus de 6 mois.
Tout cela avec un cerveau à peu près deux fois plus gros qu'un petit pois."
Carole
